L'alimentation de demain : la Flandre peut jouer un rôle de pionnier dans le domaine de la culture, la transformation et la commercialisation d’algues marines

Les algues marines européennes (ou macroalgues) sont des produits marins uniques qui joueront un rôle sans cesse plus important dans l’approvisionnement alimentaire local et la durabilisation de la chaîne alimentaire. La Flandre peut également jouer un rôle prépondérant à cet égard : la mer du Nord est extrêmement appropriée à la culture de diverses espèces d’algues marines à potentiel économique. En termes de valeur ajoutée, les entreprises et centres de connaissance et d’expertise de la région se voient offrir une foule d’opportunités. C’est une des conclusions du consortium SeaConomy, un groupement collaboratif composé de divers acteurs de la filière des algues marines qui, ces dernières années, a notamment étudié la faisabilité économique de ce « super-aliment » potentiel. Aujourd’hui, SeaConomy a présenté, dans un texte de vision, ses conclusions, ainsi que des recommandations pour les autorités publiques, partenaires experts et entreprises, en présence de la ministre Joke Schauvliege. Un appel est lancé aux autorités : un projet novateur ambitieux se doit d’être lancé pour mettre à profit au niveau européen le potentiel d’utilisation à grande échelle d’algues marines comme ingrédient de base du futur.

Lundi 7 mai 2018

Algues marines : la Flandre à l’avant-garde grâce à la technologie et aux connaissances disponibles

Pour la première fois dans l’histoire, le projet SeaConomy a réuni un consortium multidisciplinaire d’entreprises, d’organisations sectorielles et d’autorités publiques afin de révéler le potentiel économique des algues marines en Flandre, avec le soutien d’iCleantech Vlaanderen. Les partenaires (Sioen Industries, POM West-Vlaanderen, Lambers-Seghers, Colruyt Group et Pures) représentent conjointement les divers maillons de la filière des algues marines, de la culture à la consommation. Dès sa création en 2016, SeaConomy a servi de catalyseur pour la communauté flamande sans cesse plus importante en faveur des algues marines. Aujourd’hui, le consortium présente les résultats de son étude des 18 derniers mois.

Pour l’heure, les algues marines représentent encore une grande nouveauté et leur potentiel de création d’emploi, d’innovation et d’amélioration de l’environnement reste majoritairement sous‑exploité en Europe – en raison notamment de toute une série de barrières. Bien que 25 millions de tonnes d’algues marines soient produites chaque année au plan mondial, ce secteur n’en est qu’à ses balbutiements sur le Vieux Continent. En Flandre, l’intérêt ne cesse de croître auprès des candidats consommateurs et le premier projet de culture locale est désormais réalité. C’est pourquoi il est judicieux selon SeaConomy de poursuivre aussi le développement d’un secteur flamand des algues marines en cultivant et en commercialisant des espèces locales. La région flamande peut jouer un rôle de pionnier – sur le plan de la culture locale, de la transformation et de la commercialisation – dans le développement de ce nouveau secteur. À court terme (2025), des algues marines locales peuvent être cultivées dans les eaux territoriales belges en mer du Nord pour être utilisées comme additifs dans l’alimentation humaine et animale. À plus long terme (2035), les algues marines recèlent des possibilités d’application dans des matières bio à condition cependant d’être cultivées et raffinées à grande échelle.

Benny Pycke (Sioen Industries), chef de projet de SeaConomy, ajoute : « Ce projet nous a permis d’attirer l’attention sur le potentiel des algues marines en Flandre. Les algues marines font désormais partie du paysage. Il ne s’agit pas d’une tendance passagère ; elles s’inscrivent dans une transition sociétale. Avec notre vision “Les algues marines en Flandre 2025-2035” portée par un large public, la base est posée pour le projet des algues marines sur le plan local et dans un contexte européen. Nous observons aujourd’hui un large consensus socio-économique : les entreprises, les centres de connaissance et d’expertise ainsi que les autorités publiques veulent miser sur l’innovation afin de réussir la transition vers des nutriments durables et des ingrédients à base bio. » L’atout majeur de la Flandre réside dans le développement de la technologie et des connaissances au profit de ce nouveau secteur. Selon SeaConomy, les autorités régionales jouent un rôle non négligeable dans la réalisation des ambitions européennes.   

Culture, utilisation et commercialisation d’algues marines : la Flandre promise à un bel avenir

Le développement d’une filière locale flamande pour les algues marines peut contribuer à un large éventail d’évolutions positives sur les plans social (people), écologique (planet) et économique (profit). Voici les principales conclusions de SeaConomy :

  • La mer du Nord (la partie belge également) convient parfaitement à la culture de diverses espèces à potentiel économique, telles que le wakamé atlantique, le kombu, le fucus, le chêne marin, la laitue de mer, la dulse, la nori et la mousse d’Irlande, présentes dans les eaux territoriales belges. Six zones de recherche très prometteuses ont été définies et proposées pour le plan d’aménagement des espaces marins (2020-2026). Dans l’une de ces zones de recherche, un projet pilote a déjà été mis sur pied, à savoir Value@Sea.
  • Un groupe d’environ 15 entreprises flamandes a mené une étude portant sur les algues marines. Leur étude a révélé que les PME et centres de connaissance et d’expertise actifs dans les secteurs agricole ainsi que de l’alimentation humaine et animale marquent un intérêt de plus en plus grand pour l’utilisation commerciale d’algues marines. Les raisons en sont multiples : aspect local, fraîcheur, durabilité, goût, palette de couleurs, composition unique, propriétés bioactives, etc.
  • Les algues marines recèlent à court terme le plus haut potentiel comme additifs (< 10 % d’addition) dans l’alimentation humaine et animale en raison de leurs propriétés spécifiques (couleur, goût, matières bioactives, durabilité…), de leur origine maritime naturelle et de leur provenance locale ou européenne. Les zones proposées dans les eaux territoriales belges permettent par ailleurs de couvrir intégralement la demande locale du secteur de l’alimentation humaine et animale.
  • Il est possible d’ajouter des algues marines dans l’alimentation humaine ou animale, mais les algues doivent alors remplacer en tout ou en partie des ingrédients courants non durables (comme le soja). Pour que les algues marines puissent rivaliser comme source de protéines, par exemple dans l’alimentation animale, un approvisionnement constant de gros volumes d’algues marines à un bas prix de revient est nécessaire. Pareils scénarios requièrent encore quelques années de recherche et de développement sur le plan de la stabilisation des algues marines et de l’aménagement des espaces.