Circularité de la conception à la démolition

« Colruyt Group est une grande entreprise de construction », explique Mathias Steels, responsable du bureau de dessin interne. « Chaque année, notre planning de capacité compte une cinquantaine de grands projets de construction d'un million d'euros et plus. » Le secteur de la construction est cependant en pleine évolution. Il doit gagner en efficacité et être plus durable. « Nous recherchons de nouveaux matériaux et procédés et expérimentons dans ce cadre les flux de résidus organiques, l'"Urban Mining" et la réutilisation des matériaux pour boucler la boucle », indique Hilde Carens, chef de projet Matériaux de construction durables. « D'ici 2050, nous visons un patrimoine circulaire. »

Dès la conception

Notre bureau d'études interne composé de 45 personnes, dont 15 concepteurs, une vingtaine de dessinateurs et 10 « conceptualistes », se penche sur l'enveloppe des bâtiments. Avec ses développeurs de produits, ses architectes et architectes d'intérieur, le service Retail Design alimente le « Brandbook » et le traduit en un guide stylistique, le « Look & Feel » des différentes formules de magasin. « C'est le point de départ de l'utilisation de nouveaux matériaux, par exemple », explique Mathias, en faisant référence aux magasins Bio-Planet où le choix des meubles et des murs accentue le caractère de la formule de magasin. « Tous ces éléments sont déterminés sous forme de critères et de listes standard. » Les avantages d'échelle sont bien entendu également pris en compte. À proximité du siège du groupe, nous disposons d'un site de plusieurs centaines de mètres carrés qui nous permet de tester des prototypes et concepts en grandeur nature. « Une fois que les nouveaux critères sont validés et que nous avons trouvé un terrain approprié, c'est au tour des concepteurs de faire passer le projet par les différentes étapes de décision conformément au Masterplan. » Lorsque tous les éléments de la conception sont clairement définis, le dessinateur réalise un dessin détaillé dans des logiciels 2D et 3D. Le travail s'effectue en fonction du dossier de demande de permis. « Le but est de maximiser les chances d'octroi. Même si les spécialistes travaillent parfois de manière un peu plus fragmentée, il s'agit en fin de compte d'un travail d'équipe qui met à profit les points forts de chacun.

Matériaux circulaires

Tout au long du processus de construction, Hilde Carens intervient également en sa qualité de chef de projet Matériaux de construction durables. « Mon travail consiste à arriver à une construction aussi durable que possible. » Comment s'y prend-elle ? « Nous passons les bâtiments plus anciens au crible. Quels matériaux y trouve-t-on et comment ces derniers ont-ils été utilisés ? Cela nous apprend comment appréhender les choses différemment à l'avenir. Comment pouvons-nous traiter les matériaux dans le bâtiment en vue de les réutiliser ou d'optimiser leur recyclage et leur valeur résiduelle ? Nous nous intéressons également aux matériaux issus de l'"Urban Mining", qui contiennent donc déjà une fraction de "Post Consumer Recycled Content." Nous optons aussi pour des éléments modulables au cours de la vie des bâtiments. Il y a notamment les murs intérieurs amovibles et les briques de parement posées à sec. Bien entendu, l'entretien et les réparations du bâtiment sont également pris en considération. Enfin, en ce qui concerne la fin de vie, Hilde examine les possibilités de réutilisation des matériaux en interne et en externe. « Nous explorons de nombreuses voies pour parvenir à un fonctionnement circulaire afin d'améliorer l'impact environnemental étape par étape. »

Travailler ensemble sur la circularité

Outre la recherche interne, nous avons des partenariats avec des universités et des entreprises. « Nous nous investissons en tant que promoteur externe pour des thèses de master. De cette manière, nous entrons très tôt en contact avec les profils adéquats et initions en même temps certains axes de recherche dans les universités. » Par ailleurs, les collaborations avec des partenaires tels que le Vlaio (agence flamande pour l'innovation et l'entrepreunariat) et l'OVAM (agence flamande de traitement des déchets) et les initiatives comme Vlaanderen Circulair sont monnaie courante. « Par exemple, nous étudions avec le fournisseur et le transformateur comment transformer le béton cellulaire en un produit recyclé post-consommation. » Et si les fondations en béton pouvaient être réalisées en éléments préfabriqués plutôt qu'être coulées ?

Récemment, les étudiants qui suivent la formation Construction circulaire à l'UGent ont visité notre siège à Hal. Nous avons contribué à cette formation, surtout en ce qui concerne le thème de la construction circulaire dans la pratique. Hilde Carens a expliqué comment nous envisageons la construction circulaire et comment nous appliquons, entre autres, le projet ICEBERG dans notre organisation. Une visite de notre centre de test a immédiatement rendu cette explication très concrète. Non seulement nous y testons de nouveaux concepts pour nos magasins, mais nous y examinons également de près les solutions de construction circulaire.

L'Urban Mining pour le béton…

Colruyt Group est également actif dans des projets de recherche internationaux. Dans le cadre du projet européen ICEBERG, nous explorons, en collaboration avec 35 partenaires de 10 pays différents, des solutions innovantes et rentables pour récupérer les matériaux de construction et les transformer en nouveaux produits prêts à être réutilisés.* « L'Urban Mining implique de déterminer quels matériaux sont utilisés dans notre patrimoine et comment nous pouvons les en extraire à la fin de leur vie fonctionnelle. » Comment les récupérer de façon sélective et effectuer le tri sur le chantier ? Qu'est-ce qui présente ou non une valeur ajoutée ? « En Belgique, le projet ICEBERG se concentre sur le béton. En collaboration avec Vito et Orbix, nous étudions la production et l'impact des blocs de carbonatation fabriqués à partir de notre propre béton. »

« Nous nous intéressons également à nos propres flux de résidus organiques qui ne sont pas encore valorisés », explique Hilde, qui souligne le faible impact de ces matériaux. Dans ce cadre, Colruyt Group collabore avec Kamp C et Biobased Creations sur le projet « The Exploded View Beyond Building - The Exploded View », une exposition sous la forme d'un bâtiment entièrement équipé où les fournisseurs présentent leurs innovations en matière de biomatériaux. En 2023, cette exposition néerlandaise sera présente au Kamp C de Westerlo, le centre provincial dédié à la construction et à l'habitat durables. « Quels matériaux répondent à nos cahiers des charges techniques et quels flux résiduels de nos propres bâtiments pouvons-nous utiliser pour éviter de recourir à nouveau à d'autres matières premières primaires ? »

… et pour les briques

Fin novembre, un nouveau magasin Colruyt a ouvert ses portes à Zoersel. La façade du bâtiment est constituée de briques de parement empilées à sec. Ces briques profilées moulées-main sont assemblées à l'aide de clips et de crochets d'ancrage en acier inoxydable. Elles ne nécessitent ni colle ni mortier. Nous avons d'abord évalué le système sur notre site de test. Ce dernier nécessite une consommation un peu plus importante d'acier mais le mortier devient superflu, ce qui permet de travailler plus rapidement et indépendamment des conditions météorologiques. Les façades sont aisément adaptables en cours d'utilisation et les briques nues – et propres – sont faciles à récupérer par la suite, en cas de nouvelle affectation ou de fin de vie du bâtiment. « La valeur d'une brique en céramique pure est assez fixe. Après une évaluation complète portant sur l'impact environnemental et le Total Cost of Ownership (TCO), une application au reste de notre patrimoine est désormais possible. » Parallèlement, Hilde établit le « passeport matériau » pour tous les produits utilisés et négocie avec les fournisseurs la reprise des matériaux récupérés en fin de vie. « Nos magasins ont une durée de vie de 35 à 40 ans. Nos fournisseurs doivent commencer à penser maintenant à cette éventuelle reprise. »

* Le projet ICEBERG de l'UE a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de l'accord de subvention n° 869336 . (iceberg-project.eu)

Travailler dans le département Technics & Engineering de Colruyt Group ?